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Tchad: le géant pétrolier chinois (CNPC) va-t-il sortir les pieds de la boue de Koudalwa?

Des déchets pétroliers déversés dans d’immenses tranchées, creusées à cet effet, sont à l’origine des tractations, qui ont débuté à la mi-août 2013, entre le gouvernement tchadien et la China National Petroleum Corporation International Chad Co. LTD (CNPCIC), la filiale tchadienne du géant pétrolier chinois.

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Malgré les nombreux contacts établis ces derniers mois par la direction de la CNPC avec les autorités tchadiennes, l’inventeur et actuel ministre du Pétrole de la République du Tchad, Djerassem Le Bemadjiel a adressé une lettre à l’entreprise pour lui notifier la suspension de toutes ses activités d’exploration sur l’ensemble du territoire national, « à compter du 21 mai 2014 » précise-t-il.

Il faut noter qu’une brève suspension avait été lancée le 13 août 2013 à l’encontre de la CNPC pour les mêmes motifs à savoir « des déversements nocifs à l’environnement ».  Ce que le ministre du Pétrole a qualifié dans sa lettre de « pollutions caractérisées qui sont prohibées (…) par l’industrie pétrolifère internationale », avant de réprimander le géant pétrolier qui récidive ses pratiques inacceptables, et continue à « combler les sites pollués sans traitement préalable ».

Selon des informations qui nous sont parvenues, les caisses de l’État sont vides et les salaires sont payés grâce à des prêts obtenus auprès des partenaires, dont un autre exploitant pétrolier présent dans le pays. La CNPC s’en est sortie de sa première suspension avec une amende de 1,2 milliard de dollars USD, dont elle ne s’est toujours pas acquittée. Pour beaucoup d’observateurs, cette mesure répressive vise à faire pression sur la CNPCIC afin qu’elle s’acquitte de son amende. Entré dans le cercle fermé des pays pétroliers depuis le 10 octobre 2003, avec une production estimée à 176 000 barils/jour en 2005, le Tchad doit sa croissance économique à cette manne.

Présente dans le pays depuis 2003, la CNPC a acquis en 2009 une autorisation d’exploration de nouveaux blocs pétroliers, notamment à Koudalwa à 200 km au sud de Ndjamena, la capitale. Au mois de mars 2014, une grève des employés qui réclamaient une augmentation salariale et dénonçaient des «mauvaises conditions de travail» est venue s’ajouter à la liste des difficultés de l’entreprise chinoise.

La Chine, très présente en Afrique et mal vue par les Occidentaux, n’est pas forcément en bonne posture dans le continent. Environ 3 000 Chinois vivent au Tchad. Toutes les nouvelles infrastructures ont été l’oeuvre des Chinois : le nouveau siège des parlementaires, les viaducs, l’hôtel Soluxe, la raffinerie de Djarmaya… Des investissements qui laissent prédire que les amourettes sino-tchadiennes ne prendront pas fin du jour au lendemain. Au Gabon, Addax Petroleum (filiale de Sinopec) a dû verser 400 millions de dollars USD pour des obligations contractuelles fiscales devant la Chambre internationale de commerce de Paris, dont elle a sollicité l’arbitrage. Tout porte à croire que le même scénario pourrait se faire pour le Tchad malgré le silence de CNPCIC.

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Auteur·e

assaaz

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