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Dix manières de reconnaître un blog tchadien

Le fossé numérique au Tchad est criant. L’acquisition de la fibre optique est effective, mais son opérationnalisation tarde à venir. Les internautes tchadiens n’ont pas une culture numérique assez développé, une grande masse ne se connecte qu’à travers de terminaux mobiles. La fièvre des médias sociaux n’épargne pourtant ce pays où seulement 1,9%  de sa population a accès à internet. Profitant de la neutralité du support (internet), une infime partie des tchadiens profitent du blogging pour exprimer leurs points de vue sur le web. Un exercice pas de tout repos, car il faut savoir faire part entre liberté d’expression et respect de l’éthique. Voici une liste de dix «indicateurs» qui vous permettront de reconnaitre un blog tchadien.

1-     Alimenté depuis l’extérieur

Sur un échantillon de 10 blogs sectionnés au hasard, six blogs tchadiens sur dix sont mis à jour hors du Tchad.

2-     Politico-militaire

Le Tchad est un pays qui a connu plusieurs coups d’Etat, le dernier en date et certainement le plus médiatisé reste celui du 02 Février 2008. Des rebelles venus de l’Est du pays, ont failli de peu renverser l’actuel Chef d’Etat, le président Idriss Déby Itno, mais finalement, ils ont connu un en échec. Depuis plusieurs mouvement rebelles se sont muent en partie politique pour certains, d’autres ont pris le chemin de l’exil d’où ils voient du blogging un espace d’expression. Aujourd’hui 50% des blogs tchadiens sont tenus par des politico-militaires.

3-     Ça parle de Déby à l’extrême (tant en bien qu’en mal)

Les tchadiens aiment parler de leur président sur Internet, si on se fie aux données que j’ai collecté. 60% des blogueurs tchadiens sont extrêmement pro-Déby ou anti-Déby. De fois ils vont dire des futilités qui ne font même pas du débat politique. Par exemple, en quoi intéresserait les tchadiens quand Déby va rendre visite à telle ou telle autre de ses femmes?

4-     Copier/Coller (Plagiat)

Des dépêches d’agences de presse reprises par des blogueurs, des billets repris en même temps sur plusieurs blogs le scénario qui semble être le propre de tous les blogueurs tchadiens n’est pourtant pas partager par la majorité de ces derniers. Ils sont quatre sur dix blogueurs à faire recours à cette pratique.

5-     Mauvaise qualité des posts

Un blog, c’est aussi la qualité de l’écrit (Hey, je ne me dis pas maître en la matière). Dommage que 60% des blogs tchadiens sont pleins de coquilles (relevez-en moi, s’il y en a sur mon blog. Merci ;)).

6-     Fréquence irrégulière des posts

100% des blogs tchadiens n’ont pas une fréquence de mis à jour régulière. On fait quand on peut 😉

7-     Sans commentaire

Sur dix blogs, seulement six sont commentés depuis le Tchad. Ce sont quasiment les mêmes lecteurs qui commentent, et le plus souvent, ces interactions restent stériles.

8-     Design médiocre

Seulement quatre blogueurs sur dix prennent soin du design de leur blog. La majorité ne sais pas comment s’y prendre car l’outil informatique reste un luxe.

9-     Auteur pas anonyme

Là, chapeau ! Ils sont courageux les blogueurs tchadiens. Sinon je me demande si c’est pour être célèbre ou c’est vraiment par pur courage que les blogueurs tchadiens ne voilent pas leur identité ? En tout cas, 90% de ces moutons noirs du journalisme ne se voile pas la face pour exprimer leurs avis.

10- Enfin, ça cause très politique.

Bloguer au Tchad rime avec politique, si bien que 60% des blogueurs tchadiens ne parlent que de politique. Pourtant, un blogueur n’est forcement pas un politicien.

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Auteur·e

assaaz

Commentaires

Yacoub
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J'ai lu l'integralité de cet article et c'est vrai que les tchadiens ne donnent leur point de vue pas seulement le web mais aussi sur les medias traditionnels internationals, chose que j'ai constaté il y a longtemps. Il n'ont pas cette culture numerique. D'une part c'est un manque d'interet et d'autre part à l'inaccessibilité d'internet même dans la capitale. Et aussi la coupure intempestive d'éléctricité qui ne permet pas de travailler sur son ordinateur partout et à tout temps. Par exemple, pour me connecter je suis obligé d'aller à la recherche d'un coin public à wifi non securisé ou bien le code m'est donné par un ami. Le nombre de cyber café à N'Djaména se compte au bout des doigts et le tarif est est exhorbitant. Le plus bas est 1000F CFA l'heure pour une connexion très lente. Et l'on se rejouit que ces dernières années la frequences des tchadiens sur les reseaux sociaux augmente notamment sur facebook.