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Rebelote, le port du casque pour les motocyclistes s’impose à N’Djamena !

En 2012, lorsque pour la première fois le port des casques était rendu obligatoire pour les motocyclistes, la décision semblait être bien accueillie au sein de la population N’Djamenoise qui pourtant s’en est vite lassé à cause de l’acharnement, pour ne pas dire du racket, de la Brigade de la Circulation Routière. Un peu plus d’une année plus tard la décision qui imposait le port du casque a été levé pour des raisons de sécurité, à cause de la menace Boko-Haram, au grand bonheur des motocyclistes qui en voulaient à mort Ahmat Bachir, le ministre de l’intérieur d’à lors. Deux ans plus tard, le 1er Mars 2015, une décision remet en vigueur l’obligation du port des casques pour les motocyclistes. Une bonne décision mal tombée au sein d’une population mal sensibilisée. Questionnement autour d’une décision qui pouvait faire partir mon pays en fumée.

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Bus incendié lors des manifestations du 09-03-2015 – Image publié sur le mur facebook de Sabre Naïdeyam

Nous sommes le Dimanche 1er Mars 2015, pour une seconde fois, une décision obligeant le port des casques aux motocyclistes entre en vigueur. Une décision qui est loin de faire l’unanimité des N’Djamenois. « Aujourd’hui, on vous oblige de porter votre casque, demain on vous l’interdit, après demain on vous oblige de nouveau, je ne respecterais pas cette décision (…) » Se lamente Innocent, un jeune motocycliste du quartier Moursal. Un peu plus loin deux jeunes motards en plein allure zigzaguent l’Avenue Mobutu afin d’échapper aux policiers qui tentent sans succès de les arrêter. Il est donc clair que les motocyclistes ont été mal sensibilisés sur l’importance du port des casques, et en plus ils dénoncent déjà une raison de plus pour les policiers d’opérer des rackets. La question qui se pose sur toutes les lèvres est pourquoi oblige-t-on le port du casque qui était pourtant interdit à cause des rumeurs qui laissaient entendre que des terroristes de Boko-Haram pouvaient se cacher derrière les casques pour ne pas se faire identifié ? Des raisons, tout le monde voulaient en avoir car la majeur partie des motocyclistes sont d’accord que le casque est pour eux une protection, mais pourquoi l’imposer et en faire une priorité pour la police, pendant que plusieurs quartiers de la capitale sont laissée à la merci des malfrats de tout genre.

Alors, le port du casque serait-il une priorité pour le ministre de l’intérieur?

Un facebookeur tchadien a partagé un post, où il assimilait le gouvernement actuel à une cuisine. « Chacun concocte le plat qu’il veut, avec la recette qui lui sied et fini par s’en aller avec toute sa vaisselle ». Comme ci le port du casque était une priorité, on l’impose suivant une décision puis on le met en exécution avec une forte mobilisation de la Brigade de la Circulation Routière, puis de tout les corps de la police, la gendarmerie et la garde nomade s’invite à la danse suivant que la mobilisation qui contre la décision est plus grande. De l’autre côté, nous avons une partie de la population délaissée à son triste sort sans protection face au banditisme et au brigandage. A-t-on pris la peine de faire des affiches, des panneaux ou encore des banderoles pour sensibiliser les usagers des motocycles à porter des casques ? A-t-on formé la police à amener amicalement la population à adhérer à cette décision ? Tout porte à croire qu’il y a des en dessous. Certains y voient la main de commerçant véreux voulant écouler les stocks de casques faîtes lors de la première décision. D’autres plus stratèges pensent que le gouvernement tentent de détourner l’attention de la population vis-à-vis de Boko-Haram, car partout les gens ne font que parler de ça et il faut éviter la loi de l’attraction. Plus on en parle, plus on en donne de l’importance et plus on s’en rapproche.

Et les élèves ont-ils le droit de s’insurger ?

Au Tchad, l’inégalité sociale s’en va croissante. Une grande partie de la population reste pauvre malgré la manne pétrolière. Une réalité qu’il faut pourtant vivre pour l’accepter face aux tapages médiatiques du « Tchad prospère ». Alors, comment voudrez-vous obliger un parent d’élève d’acheter un casque qui vaut plus de trois jours de ration pour sa famille ? Le casque qui se vendait à 4000FXAF a connu une flambée de prix et coûte jusqu’à 15000FXAF avec l’annonce de l’obligation du port de casque. D’aucun parle de la loi de l’offre et de la demande. Alors pourquoi n’a-t-on pas pris les dispositions qui s’en imposent afin de faire respecter les prix. Il y a vraiment de quoi pousser la population dans les rues. Les élèves ont donc bien eu raison de le faire, mais leur méthode a fini par ôter toute crédibilité à leurs actes. Là encore, il faut vraiment chercher à savoir si ces sont des vrais élèves, des vrais-faux élèves ou tout simplement des faux élèves qui se sont mis à vandalisé les biens publiques jusqu’à incendier un bus universitaire.

La police a-t-elle le droit de mâter les élèves comme elle l’a faîte ?

Cinq morts et plusieurs blessées parmi les élèves, seraient le bilan des protestations contre le port des caques, lancé les 03 et 09 Mars 2015. Un bilan revu très en baisse par des sources sécuritaires qui voient en ces manifestations des mains agitatrices. Le Gouvernement reconnait qu’un étudiant a été tué, percuté, par un bus universitaire. Le message est clair, les forces de l’ordre ne fléchiront pas. Ils materont à l’endroit et au moment venu. Pour l’instant, écoles, lycées et universités de N’Djamena sont fermés jusqu’à nouvel ordre.

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Auteur·e

assaaz

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