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Centrafrique: Un coup de fil pas comme les autres

Bangui, un soir d’Octobre 2013, il était minuit, au moment où j’allais me débarrasser du dernier bourdonnement des moustiques pour plonger dans mon sommeil, mon téléphone se mit à vibrer. Un appel anonyme, le numéro était masqué. A l’autre bout du fil, une voix féminine me fit patienter. L’agréable voix était celle d’une Européenne. Un homme repris le téléphone, la voix me sembla familière.  Je n’osais pas croire à l’idée de la personne à qui j’associais la voix. François Hollande, l’homme qui veut intervenir par procuration en Centrafrique.

Le président Hollande au téléphone © https://www.bvoltaire.fr/
Le président Hollande au téléphone © https://www.bvoltaire.fr/

Etes-vous bien celui qui se fait appelé Legeekdusud ? Me demandait Monsieur Hollande. Oui, oui… Oui Monsieur Hollande, oui son Excellence. Balbutiais-je en répondant. Il enchaîna en m’expliquant le pourquoi du coup de fil, qu’il lisait mon blog et qu’il voulait avoir des témoignages sur la situation centrafricaine auprès des gens qui comme moi vivent ses réalités. Il parlait plus distinctement que quand je l’écoutais à la radio ou à la télé. Il tenait un discours semblable à celui du 24 Septembre 2013, à New-York, devant l’assemblée générale des Nations Unies. Il avait encore réaffirmé sa crainte de voir la Centrafrique se transformer en Somalie. Nerveux, je l’écoutais et j’acquiesçais quand il le fallait sans trop parler. C’est alors qu’arrivais ses interrogations. Il voulait avoir mon opinion.

Monsieur le Président, la Centrafrique court sur les pas du Rwanda, de son génocide. Souvenez-vous, la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme) dénombrait déjà 400 meurtres, il y a quelques semaines. Ces dernières semaines il y a eu Bohong, Bouca, Bossangoa…et Bangassou est en cours, et j’espère que les 140 soldats déployés en toute urgence sur les lieux par la Fomac (Force Multinationale des Etats d’Afrique Central) parviendront à apaiser la tension. Combien de morts pensez-vous qu’il a en ce moment ? Combien de fosses communes ? Combien de personnes mortes, tuées dans l’anonymat total ? Pendant que vous tergiversez, les gens meurent Monsieur le président, m’emportais-je. La Centrafrique est loin  de devenir une somalie comme vous le pensez, car les acteurs du moment sont maîtrisables, et ce rien que par la France et le Tchad, comme ça été pour le Mali, s’il y a une bonne volonté.  Il faut accompagner financièrement la transition et avoir la garantie absolue de son président qu’il ne se présentera pas à la prochaine présidentielle. Monsieur, vous devez faire pression sur les Etats dont les troupes forment la Fomac, la naissante Misca (Force Africaine en Centrafrique), afin qu’ils restent neutres et fassent le boulot attendu par toute la communauté internationale. J’apprécie bien les opérations de désarmements qui sont en train de se faire. Le seul souci est que ces opérations ne devraient pas être ciblées. Bangui doit être fouillée de fond en comble, c’est une poudrière depuis Patassé à Djotodia en passant par Bozizé. Des armes de tout calibre y circulent. Bangui est donc une bombe qui peut exploser à tout moment, il est urgent de la désamorcer.

La crise Centrafricaine a pris une allure confessionnelle. Il faut arriver à réapprendre aux chrétiens et musulmans à vivre en toute fraternité. D’où la nécessité de désactiver tous les politiciens qui tentent d’instrumentaliser la situation. Une situation déjà très grave. L’ONU (Organisation des Nations Unies) a l’obligation d’intervenir en ce moment, car il y a urgence. J’ai peur qu’un jour, il ait un film Hôtel Centrafrique, du genre Hôtel Rwanda. Alors les représentants onusiens de Bangui doivent sortir des bureaux climatisés, des hôtels haut standing telle la Bangui Ledger Plazza, pour aller sur le terrain et relater les faits réels pour remonter le cri d’un peuple qui se meurt chaque jour un peu plus en attendant qu’une résolution soit prise par des puissants pays qui on sait plus hésitent ou ont peur de s’investir dans un problème qu’ils n’estiment pas être le leur.

Je sentais ma tension s’augmenter, plus les rares images de l’église de Bossangoa, venant de quelques reporter, vu sur internet me revenais à l’esprit et plus j’avais une grosse gueule. Monsieur le président, s’il vous plait, demandé à la CPI (Cour Pénale Internationale), d’ouvrir des enquêtes sur les massacres. Sinon qu’allez-vous dire aux victimes de Boy-Rabe, les amputés de Bouca, aux « exaspérés » du Tarmac de l’Aéroport de Bangui M’Poko. Oui je sais, vous penserez que ce n’est pas vraiment votre problème. Alors que foutent les troupes de l’infanterie chasseurs de l’Alpin sur le sol Centrafricain ? Ils sont là pour sécuriser les intérêts et les ressortissants de la France. Tout de même ils sont témoins de la situation. Ils sont d’ailleurs mieux informés que moi demandez-leur qu’ils vous apportent témoignage. Oui, des gens meurt et mourront encore, si ce n’est par les balles des éléments de l’ex-Séléka, ce serait sous les coups des machettes des « antis balaka » -Balaka veut dire Machette en Sango- sinon encore ce serait la malaria, les maladies occasionnées par la condition de vie précaire des Centrafricains et la famine qui les tuera tous. Continuez à hésiter Monsieur le président et vous aurez des chiffres !

Mon téléphone s’est brusquement éteint, la batterie était déchargée. Je me noyais dans ma sueur. Mon draps était tout trempé, l’électricité n’était pas toujours rétablit. Je venais de réaliser que j’avais rêvé et que je parlais à Monsieur Hollande dans mon rêve. Au moins j’ai pu me défouler et crier haut les douleurs d’une Syrie oubliée, qui tente de sortir de l’anonymat.

 

(*) Article purement fictif. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
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Auteur·e

assaaz

Commentaires

imam zaman
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bjr Mr je vous félicite pour l'effort que vous menez dans votre pays et le monde. du courrage. et j'aimerai échanger avec vous dans l'avenir. merci a bientot