@legeekdusud

Tchad : asphyxie de l’économie numérique

De la censure des réseaux sociaux (moteurs du marketing digital) à l’augmentation des taxes sur le revenu des opérateurs mobiles, le quotidien de nombreux internautes tchadiens reste parsemé d’embûches.

Du 27 février au 02 décembre 2016, les réseaux sociaux avaient été interrompus au Tchad, forçant les utilisateurs à avoir recours aux applications VPN* (réseaux privés virtuels) pour se connecter.

Selon l’ONG Internet Sans Frontières, cette situation aurait duré 235 jours et aurait fait perdre au Tchad environ 18 millions d’Euros, soit près de 18 milliards de francs CFA. En ce qui me concerne, j’ai dû maintenir mon budget internet tout en limitant ma fréquence sur les réseaux sociaux. Pas de pertes pécuniaires dans ce sens, par contre un frein pour mes activités citoyennes (partages d’informations, participation à des débats en ligne, formation…) et professionnels. Il m’a fallu désinstaller des widgets qui affichent les comptes/pages des réseaux sociaux sur quelques sites web, que je gère, afin d’éviter d’y avoir des messages d’erreur.

En ce qui concerne le rétablissement des réseaux sociaux, l’ONU (à travers son rapport spécial pour la liberté d’expression) en serait pour quelque chose. Il avait adressé une lettre de demande d’explication aux autorités tchadiennes le 7 novembre 2016 tout en leur accordant un délais de 60 jours pour répondre.

Après la censure, vient une taxe

Quarante jours après la censure des réseaux sociaux, l’Assemblée Nationale adoptait une nouvelle loi des finances pour l’exercice 2017, dont l’article 28 institut un droit d’accise au taux de 18% mensuel du chiffre d’affaires mensuel déclaré par les opérateurs de téléphonie mobile. Cette dernière taxe, qui s’applique sur toute communication (appel, SMS, internet) remplace les taxes RAV (Redevance Audio-Visuel) et FNDS (Fonds National pour le Développement du Sport) qui s’élevaient à 10Fcfa chacune par jour. François Djekombé, ex journaliste de BBC Afrique, rappelle dans un coup de gueule sur Facebook, que ces opérateurs collectent déjà à l’Etat une TVA de 18%. (…) Savent-ils (les tchadiens) qu’ils paient désormais 36% sur leur communication téléphonique ? Taguera-t-il ses compatriotes dans un autre post, comme pour les mettre à l’évidence de la situation.

Cette taxe, bien qu’instituée pour renflouer les caisses de l’État, n’encourage pas la démocratisation d’internet dans le pays et l’essor de l’économie numérique, quand on sait que cela n’est possible que grâce au développement des contenus numériques. Elle n’est rien qu’une manière de déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Le Tchad qui est classé avant dernier par lUIT, devrait pourtant tout mettre en œuvre pour inverser la tendance, mais au contraire, il a choisi d’enclaver davantage sa population en faveur de ses caisses.

Pas d’internet, pas d’économie numérique

L’économie numérique est aujourd’hui un vecteur de croissance, de productivité et de compétitivité des entreprises et même des pays. C’est un secteur stratégique de l’économie et sa contribution à la croissance des Etats est non négligeable. En France, le numérique représentait 5,5% de la valeur ajouté créée et son poids dans la contribution à la croissance est plus importante que celui des secteurs traditionnels. En 2015, l’économie numérique représentait 10% du PIB de la Côte-d’Ivoire.

Ces chiffres démontrent combien il est important pour le Tchad (dont l’économie est en mal à cause de la chute du prix du brut), de disposer d’un plan de développement de l’économie numérique, au point d’en faire une alternative économique. Il faut à tout prix banaliser l’accès à l’internet, le rendre accessible à tous afin de permettre aux tchadiens de s’ouvrir au monde, de s’auto-former et surtout de trouver du travail grâce aux millions de métiers qui lui sont affiliés.

Si le Tchad est à la traîne en matière de contenu numérique, c’est aussi à cause du coût excessif d’accès à l’internet. Au Tchad, les forfaits d’accès à internet coûtent dix fois plus qu’au Cameroun voisin, même si ce dernier a un accès à la mer, donc une facilité de connexion aux câbles marins, cette différence est difficilement soutenable. Même si trois projets d’interconnexion du Tchad à la fibre optique sont en cours : depuis l’Algérie, le Cameroun (déjà mise en place mais pas effectif) et le Soudan -faisant tous pondre des slogans politiques tel que « Tchad : hub  africain des TIC »– l’avenir de l’économie numérique reste toujours compromis dans ce pays de l’Afrique Subsaharien.


Zouhoura, symbole des femmes violées au Tchad

Elimidougou est son pseudonyme sur Facebook, un nom qui en rappelle qu’elle est une descendante d’Ali en langue d’une ethnie locale, lequel la quasi-totalité des tchadiens ignorent d’ailleurs. Pourtant, Zouhoura Mahamat Brahim Ali n’a pas choisi l’anonymat. Victime d’un viol collectif le 08 Février dernier, elle a refusé d’être une éternelle victime en dénonçant l’injustice dont elle a été l’objet. Une injustice que connaissent des milliers de femmes tchadiennes, une injustice impunie.

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Des femmes réclamant justice pour Zouhoura. Crédit photo: TchadInfos.com

Oui, Zouhoura a croisé des animaux

Haute de ses 17ans, Zouhoura est une belle fille hamra* comme on le dit ici au Tchad. Ceux qui l’a connaissent la décrivent comme une fille gentille, innocente et souriante. Oumar, un de ses voisins dit d’elle : « C’est une vraie folle avec plein de joie de vivre… Et comme toute fille de son genre, elle est fière d’elle et ne se laisse pas faire. Sûrement c’est à cause de ces qualités qu’ils l’ont qualifiés d’Achamané** afin de justifier leurs lâches besognes ». Elève en terminale au complexe Thilam Thilam, Zouhouraa été enlevée en se rendant au Lycée par un groupe de six jeunes hommes, de 20 ans en moyenne. L’enlèvement serait orchestré avec la complicité (sous chantage) d’une de ses camarades. Ils l’ont emmené par la suite jusqu’au quartier Guinebor où ils l’ont séquestré, dénudé et violer. Pendant leur sale besogne, ils ont fait des photos et vidéos, qu’ils ont fait circuler sur les réseaux sociaux au grand dam de la pudeur de Zouhoura. Des images qui m’ont fendu le cœur au point de me demander de quelle jungle sorte ces « sous-hommes » ? Ce jour-là, Zouhoura est rentrée chez ses parents à 19h, heure locale. Ces derniers l’avaient recherché sans succès après qu’ils aient été alertés par une de ses camarades, témoins de l’enlèvement. La police a été saisie de l’affaire sans mettre la main sur les délinquants.

#TCHAD #Scandale ZOUHOURA : « VOUS DEVRIEZ ME PROTÉGER AU LIEU DE ME FAIRE CA » Ceci est un extrait d’une vidéo de…

Posté par TCHAD TODAY sur dimanche 14 février 2016

Une tache indélébile

Au Tchad, le viol est un acte à la fois tabou et répugné par la société. Contrairement aux mœurs, de nombreuses femmes tchadiennes souffrent de cette barbarie dans le silence car craignant d’être rejeté par leurs proches si jamais ils venaient à l’apprendre. Et c’est ce que Zouhoura n’a cessé de le rappeler à ses bourreaux dans la vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux. « Jetez moi lorsque vous aurez fini votre besogne…, plus jamais ma famille ne voudra de moi…, s’il vous plait pour l’amour d’Allah protéger moi, ne me faîtes pas ça » disait-elle en arabe local. Et eux de répondre carrément qu’ils avaient un problème de mentalité et que si d’aventure elle avait un médecin qui pourrait les soigner, ils le voudraient bien.

 Il faut rappeler qu’au Tchad, le mariage forcé est largement répandu. Plus de 60% des femmes sont victimes du mariage précoce qui n’est autre qu’une forme légalisée du viol. Depuis l’Etat tchadien a pris des mesures qui peinent à se concrétiser. Le cas Zouhoura l’illustre si bien d’ailleurs.

Ses bourreaux étaient des fils des dignitaires proches de Déby

Des bourreaux qui visiblement ne craignaient rien, car tous fils de dignitaires proche du président Deby. Si Sallahdine Moussa Faki, le fils de l’actuel Ministère des Affaires Etrangères, était cité parmi les auteurs du crime, il sera blanchit par la victime elle-même. Mais sera de nouveau épinglé par le procureur de la République car identifié comme étant complice de l’acte. Des fils de hauts gradés de l’armée font également partie des criminels. Ainsi seront cités les fils des généraux Tidjani Miss, Bahr Issakha, Bichara et BarradineHissein. Ces jeunes ne sont pas à leur première forfaiture. « Ces enfants des dignitaires du régime draguent des jeunes filles et quand celles-ci refusent leurs avances, ils les kidnappent, les violent, les filment et publient les photos de leur forfaiture sur les réseaux sociaux, pour mieux humilier leurs victimes. En toute impunité. C’est ce qui est arrivé à la lycéenne Zouhoura, le 8 février 2016. » Commente Tchad Today.

Une amère fête de saint valentin

La portée de leur acte a ému la population tchadienne dans son ensemble, après que l’affaire ait été révélée au public, la veille de la fête de Saint-Valentin. Les activistes tchadiens se sont saisi des réseaux sociaux pour dénoncer l’acte, en réclament justice pour Zouhoura. La vidéo de la scène a fait le tour des réseaux sociaux, ce qui a eu pour effet de choquer d’avantage les tchadiens mais principalement les femmes.

On a voulu faire taire Zouhoura

Comme une trainée de poudre, la nouvelle fait le tour des causeries N’Djamenoises. Des actions sont envisagées pour Lundi 15 Février. Coup de théâtre, au lieu que Zouhoura puisse être protégée et prise psychologiquement en charge, le ministère de la sécurité publique en complicité avec son père biologique l’a font apparaître à la télévision nationale pour porter un démenti sur son viol et demander à la population de ne pas organiser la marche qu’elle a prévu le lendemain. Pour le père, admettre le viol serait une honte. Et le gouvernement à travers le ministère de la sécurité craint des « dérapages » si jamais une marche est organisée. La machination est démasquée et, téméraires, les femmes tiennent leur marche comme prévu. Une marche pacifique qui devait aller du domicile de la victime jusqu’au palais de la Justice, mais elle est dispersée avant que la foule venue nombreuse ne l’atteigne. La police tire à balle réelle sur les manifestants. Une manifestation qui coutera la vie à un jeune homme de 17ans. Il s’agit du jeune Abbachou Hassan.

Les opérateurs des téléphones mobiles ont contribué à la mise sous silence

Tard dans la journée du 14 Février, les connexions internet via les réseaux mobiles ont été interrompues. En règle générale, c’est ce qui se passe au Tchad lorsqu’il y a des soulèvements. La population n’est pas restée muette et a su créer les moyens pour pouvoir crier son ras-le-bol.

Malgré la sortie historique du Chef de l’Etat, la première sur les réseaux sociaux, condamnant un « acte ignoble », la population reste déterminée à obtenir justice pour Zouhoura et ainsi toute pour toutes les femmes tchadiennes violées dans le silence. Une marche dîtes blanche rassemblera des manifestants devant le palais de justice demain Mercredi 17 Février 2015. Attendons de voir.

*Hamra= brune  / **Achamané= hautain


#COY11 : plus d’une trentaine de jeunes Tchadiens étaient présents

La COP21 (en anglais, COP pour Conference of Parties) des jeunes s’est tenu du 26 au 28 novembre dernier, avec une présence très remarquée de plus d’une trentaine de jeunes venus du Tchad. La Conférence de la Jeunesse sur le climat, COY11 (Conference of Youth en anglais) permet chaque année à des jeunes du monde entier de se rassembler avant la Conférence des Parties organisée par l’ONU, pour affirmer leur volonté de vivre dans une société plus verte et plus désirable.

Des jeunes tchadiens interviewés par TF1, crédit photo: Salma KHALIL
Des jeunes >Tchadiens interviewés par TF1, crédit photo: Salma KHALIL

Pour cette année, la COY s’est tenu au Parc des Expositions de Paris, et a rassemblée 5 000 jeuns venues d’un peu partout dans le monde. La délégation tchadienne était l’une des plus impressionnantes et étaiet composé de jeunes représentant divers associations. Les jeunes de l’EVS (Espace Vert du Sahel), de l’AJAPE (Association des Jeunes pour l’Assainissement et la Protection de l’Environnement), de WenakLabs et quelques participants indépendants ont fait le déplacement pour exprimer leurs engagements vis-à-vis des questions liées au climat et surtout de la problématique de l’assèchement du Lac-Tchad.

Roméo KOÏBE, crédit photo: Salma KHALIL
Roméo KOÏBE, crédit photo: Salma KHALIL

Roméo Koïbé, porte-parole de la délégation tchadienne, référant de mobilisation Afrique de la COY11 et doctorant à l’Université de Paris 10 Nanterre, a animé une conférence sur la question des réfugiés climatiques. Un thème que le conférencier maîtrise bien, d’autant plus que c’est le sujet sur lequel se porte sa thèse.

La jeune Reporter d’Unicef Immaculée Djékounyoum, a pour sa part représentée le Tchad devant le stand d’Unicef France. Elle a pu présenter le travail de plaidoyer en faveur des problématiques liées au climat qu’elle a réalisé, avec des jeunes comme elle, à travers la cartographie numérique dans la région de Moundou, au Sud du Tchad.

Il faut noter aussi que les jeunes venus du Tchad ont eu une bonne préparation en ce qui concerne les questions d’adaptation aux changements climatiques, à travers plusieurs activités organisées à N’Djamena. D’ailleurs, le mois de Juin était désigné le « mois du climat ».


#JeSuisTchadien : Parce qu’être tchadien est une lourde responsabilité

Lundi, 15 Juin 2015, pour la première fois le Tchad fait l’objet d’un attentat terroriste. Un double voir triple attentat secoue Ndjamena, la capitale tchadienne tout entière. Deux kamikazes ont fait exploser leur charge explosive à l’Ecole de police de Diguel, situé en face de l’Hôpital de l’amitié Sino-Tchadienne et un peu plutôt un autre se faisait exploser devant le commissariat central de N’Djamena, le centre névralgique de la sécurité tchadienne, causant plus d’une vingtaine de mort de de nombreux blessés. Tout porte à croire que cette attaque émane des terroristes de boko-Haram contre qui le Tchad est en guerre aux côtés de ses alliés du Cameroun, du Niger, du Nigéria et du Bénin. Le Tchad vient là, nul doute, de payer au prix fort son activisme tant félicité contre la secte nigériane boko-haram.

Un double attentat-suicide a fait au moins 27 morts, dont quatre terroristes lundi à N'Djamena, la capitale tchadienne © Reuters/Stringer
Un double attentat-suicide a fait au moins 27 morts, dont quatre terroristes lundi à N’Djamena, la capitale tchadienne © Reuters/Stringer

L’émoi était perceptible au sein de la population N’Djamenoise, les réseaux téléphoniques étaient perturbés durant la quasi-totalité de la journée. Très vite, la frayeur a laissé la place à la solidarité, oui la solidarité légendaire tchadienne. Certains se peinent à comprendre les faits, d’autres tentent de connaître les victimes. Aussitôt les réseaux sociaux, facebook et twitter en tête, sont pris d’assaut et les messages de fermeté contre boko-haram fusent de partout. On y sent de l’amertume, de la compassion mais surtout de la solidarité nationale. Bien que dans la psychose, les tchadiens ne fléchissent pas, et crient vengeance pour leur martyrs (les victimes des attentats macabres). On dirait que boko haram n’a pas que les 5 000 militaires tchadiens déployés contre elle au front, mais les 12 000 000 d’âmes qui composent l’habitat tchadien.

Compassion de Debellahi un blogueur mauritanien à sa consœur Rendodjo Moundona du Tchad.
Compassion de Debellahi un blogueur mauritanien à sa consœur Rendodjo Moundona du Tchad.
Message de fermeté de Me Joselain DIONTILO DJERIA
Message de fermeté de Me Joselain DIONTILO DJERIA

L’unité est aussi palpable dans le milieu politique, nombreux sont les opposants au parti du pouvoir qui lui ont accordé leurs soutiens dans la lutte contre la secte boko-haram. « Mieux vaut se battre aux côtés de Deby que de s’allier aux terroristes » l’a fait savoir un activiste tchadien. « Ils nous ont cherchés, ils nous auront » clame un membre de l’opposition. Comme quoi c’est dans les moments difficiles qu’on reconnait ses amis. Et là encore, les tchadiens se sont sentis un peu seul. Car aucun voisin ne s’est prononcé à chaud pour compatir avec le Tchad.

Colère d'Ibangolo Maïna face à la passivité des pays voisins et alliés du Tchad
Colère d’Ibangolo Maïna face à la passivité des pays voisins et alliés du Tchad

Les tchadiens se mettent à l’évidence de tout cela, que la tâche qui les incombent est complexe et qu’être tchadien est une lourde responsabilité, militairement parlant. Alors mort ou vif, ils devront mettre tout en œuvre pour stopper boko-haram, et cela avec ou sans soutien.

 


@DocteurTux lance une plateforme d’apprentissage par SMS

Ali Khoudar est un jeune mondoblogueur de 24 ans étudiant en informatique et adepte des logiciels libres. Insatiable bosseur, pour son projet de fin de premier cycle, il a bien voulu travailler sur un sujet plus consistant que de « configurer des serveurs », qui pour lui est un exercice facile et du déjà vu, dont il ne voit pas vraiment la valeur ajoutée. En tant que membre du collectif WenakLabs, il a décidé d’y faire incuber un projet, qui a vu sa concrétisation le 22 février 2015. Il s’agit de Nomad Learning V1.0, une plateforme d’apprentissage par SMS.

En novembre 2014, quand Ali cherchait un sujet à développer pour valider son diplôme d’ingénieur des travaux en informatique, il s’est d’abord fixer pour objective de travailler sur un système open source. En plus de cela il voulait concevoir un projet qui pouvait avoir à l’immédiat un impact socio-éducatif. Dans un premier temps, il a voulu développer une application sous androïd; mais l’idée ne l’enchantait pas trop. « La majeure partie des Tchadiens ont des téléphones de première génération, que feront-ils d’une application orientée Smartphone ? » Se demandait le jeune blogueur. « Chaque jour nous recevons des lots de SMS publicitaires qui ne nous servent à rien, pourquoi ne pas utiliser les SMS pour apprendre et mettre en même temps les gens en réseau » ; disait DocteurTux (comme je l’ai surnommé) qui venait par-là de trouver son sujet. Un projet qu’il baptisera très rapidement Nomad Learning, du fait que les personnes qui s’y inscriront vont apprendre en toute mobilité.

Deux mois s’écoulent sans que le jeune ne puisse trouver les outils nécessaires à la réalisation du projet. En janvier 2015, avec le concours de quelques-uns de ses amis du WenakLabs, il arrive à rassembler les outils nécessaires à la conception de son projet. L’idée est affinée, elle constituera à mettre en place une sorte de forum utilisant des putchs SMS, fonctionnement à travers des questions-réponses qui sont modérées par des super utilisateurs. Pour bénéficier de la plateforme, il faut s’inscrire au préalable avec ses noms, prénoms et domaine de compétences.

Le 1er mars 2015, la plateforme voit le jour. Les membres du WenakLabs sont transformés en Alpha Testeurs. Succès ! Conçu pour fonctionner sur un JerryCompteur (serveur), le programme fonctionnait correctement. Les tests ne sont pas concluants sur Raspberry Pi en mode serveur, c’est d’ailleurs sur cet équipement qu’Ali souhaite avoir la version bêta de son programme.


Tchadiens indignez-vous, indignez-vous de ces policiers inhumains !

Les images étaient choquantes. Un groupe, visiblement, des jeunes lycéens se faisait humilier par la GMIP (Groupement Mobil d’Intervention de la Police), l’unité spéciale de la police tchadienne. Sur youtube, la vidéo lancée par le blogueur tchadien Acheick Djarma montre les atrocités infligées par cette police aux jeunes lycéens a fait plus de 74.000 vues en moins de trois jours, suscitant l’émoi au sein de l’opinion national et international. La réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre et elle était contradictoire selon que tel ou tel autre ministre prenait la parole.

Depuis deux semaines, la capitale tchadienne est perturbée par de mouvement de contestations lancé par des lycéens. A l’origine, une décision imposant le port des casques aux motocyclistes. Les arguments avancés contre cette décision sont la flambé des prix des casques, la chaleur, et les risques de contamination. La manifestation est arrivée à son point culminant le 09-03-15, où les lycéens se sont mobilisé par SMS pour un grand mouvement afin de contraindre le gouvernement de revenir sur sa décision. La réaction des forces de l’ordre a été disproportionnée. Les quartiers Ardep-djoumal, Kabalaye et Moursal se sont vu quadrillé par la police qui a lancé à tout vent des bombes lacrymogènes, arrêté des lycéens et aurait même tiré à balle réelle. Bilan : un mort (un jeune étudiant en Droit, Hassan Daoud), de nombreux blessés et un bus universitaire incendié. Plusieurs associations et organisations de lutte pour les droits de l’homme avait déjà dénoncé dès le lendemain des manifestations, le mauvais traitement infligé par la police aux lycéens et étudiants ainsi que des arrestations massives. Des allégations réfutées par la police qui dénonce des agressions subites par ses agents en mission. Deux jours plus tard, des séquences vidéos ont fait le tour d’Internet montrant des policiers en treillis – avec l’uniforme du GMIP – maltraitant des élèves torses nus arrêtés lors de la manifestation, les obligeant à se rouler dans le sable avant de leur donner des coups de fouet. Désormais, il y a très peu d’échappatoires pour le gouvernement, qui n’a autre issu que de réparer les préjudices causé en sanctionnant avec la dernière énergie des homme censé protéger leurs concitoyens mais qui malheureusement les séquestrent au besoin. Etant témoin des fait, l’opinion internationale et le peuple tchadien en premier, doit veiller à ce que toute la lumière soit faîte sur cette situation pour que justice soit rendu.


Rebelote, le port du casque pour les motocyclistes s’impose à N’Djamena !

En 2012, lorsque pour la première fois le port des casques était rendu obligatoire pour les motocyclistes, la décision semblait être bien accueillie au sein de la population N’Djamenoise qui pourtant s’en est vite lassé à cause de l’acharnement, pour ne pas dire du racket, de la Brigade de la Circulation Routière. Un peu plus d’une année plus tard la décision qui imposait le port du casque a été levé pour des raisons de sécurité, à cause de la menace Boko-Haram, au grand bonheur des motocyclistes qui en voulaient à mort Ahmat Bachir, le ministre de l’intérieur d’à lors. Deux ans plus tard, le 1er Mars 2015, une décision remet en vigueur l’obligation du port des casques pour les motocyclistes. Une bonne décision mal tombée au sein d’une population mal sensibilisée. Questionnement autour d’une décision qui pouvait faire partir mon pays en fumée.

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Bus incendié lors des manifestations du 09-03-2015 – Image publié sur le mur facebook de Sabre Naïdeyam

Nous sommes le Dimanche 1er Mars 2015, pour une seconde fois, une décision obligeant le port des casques aux motocyclistes entre en vigueur. Une décision qui est loin de faire l’unanimité des N’Djamenois. « Aujourd’hui, on vous oblige de porter votre casque, demain on vous l’interdit, après demain on vous oblige de nouveau, je ne respecterais pas cette décision (…) » Se lamente Innocent, un jeune motocycliste du quartier Moursal. Un peu plus loin deux jeunes motards en plein allure zigzaguent l’Avenue Mobutu afin d’échapper aux policiers qui tentent sans succès de les arrêter. Il est donc clair que les motocyclistes ont été mal sensibilisés sur l’importance du port des casques, et en plus ils dénoncent déjà une raison de plus pour les policiers d’opérer des rackets. La question qui se pose sur toutes les lèvres est pourquoi oblige-t-on le port du casque qui était pourtant interdit à cause des rumeurs qui laissaient entendre que des terroristes de Boko-Haram pouvaient se cacher derrière les casques pour ne pas se faire identifié ? Des raisons, tout le monde voulaient en avoir car la majeur partie des motocyclistes sont d’accord que le casque est pour eux une protection, mais pourquoi l’imposer et en faire une priorité pour la police, pendant que plusieurs quartiers de la capitale sont laissée à la merci des malfrats de tout genre.

Alors, le port du casque serait-il une priorité pour le ministre de l’intérieur?

Un facebookeur tchadien a partagé un post, où il assimilait le gouvernement actuel à une cuisine. « Chacun concocte le plat qu’il veut, avec la recette qui lui sied et fini par s’en aller avec toute sa vaisselle ». Comme ci le port du casque était une priorité, on l’impose suivant une décision puis on le met en exécution avec une forte mobilisation de la Brigade de la Circulation Routière, puis de tout les corps de la police, la gendarmerie et la garde nomade s’invite à la danse suivant que la mobilisation qui contre la décision est plus grande. De l’autre côté, nous avons une partie de la population délaissée à son triste sort sans protection face au banditisme et au brigandage. A-t-on pris la peine de faire des affiches, des panneaux ou encore des banderoles pour sensibiliser les usagers des motocycles à porter des casques ? A-t-on formé la police à amener amicalement la population à adhérer à cette décision ? Tout porte à croire qu’il y a des en dessous. Certains y voient la main de commerçant véreux voulant écouler les stocks de casques faîtes lors de la première décision. D’autres plus stratèges pensent que le gouvernement tentent de détourner l’attention de la population vis-à-vis de Boko-Haram, car partout les gens ne font que parler de ça et il faut éviter la loi de l’attraction. Plus on en parle, plus on en donne de l’importance et plus on s’en rapproche.

Et les élèves ont-ils le droit de s’insurger ?

Au Tchad, l’inégalité sociale s’en va croissante. Une grande partie de la population reste pauvre malgré la manne pétrolière. Une réalité qu’il faut pourtant vivre pour l’accepter face aux tapages médiatiques du « Tchad prospère ». Alors, comment voudrez-vous obliger un parent d’élève d’acheter un casque qui vaut plus de trois jours de ration pour sa famille ? Le casque qui se vendait à 4000FXAF a connu une flambée de prix et coûte jusqu’à 15000FXAF avec l’annonce de l’obligation du port de casque. D’aucun parle de la loi de l’offre et de la demande. Alors pourquoi n’a-t-on pas pris les dispositions qui s’en imposent afin de faire respecter les prix. Il y a vraiment de quoi pousser la population dans les rues. Les élèves ont donc bien eu raison de le faire, mais leur méthode a fini par ôter toute crédibilité à leurs actes. Là encore, il faut vraiment chercher à savoir si ces sont des vrais élèves, des vrais-faux élèves ou tout simplement des faux élèves qui se sont mis à vandalisé les biens publiques jusqu’à incendier un bus universitaire.

La police a-t-elle le droit de mâter les élèves comme elle l’a faîte ?

Cinq morts et plusieurs blessées parmi les élèves, seraient le bilan des protestations contre le port des caques, lancé les 03 et 09 Mars 2015. Un bilan revu très en baisse par des sources sécuritaires qui voient en ces manifestations des mains agitatrices. Le Gouvernement reconnait qu’un étudiant a été tué, percuté, par un bus universitaire. Le message est clair, les forces de l’ordre ne fléchiront pas. Ils materont à l’endroit et au moment venu. Pour l’instant, écoles, lycées et universités de N’Djamena sont fermés jusqu’à nouvel ordre.


Stev’N-T : « ma musique est un miroir… »

Diplômé en télécommunication à l’ULCO (Université du Littoral Côte d’Opale) dans le Pas-des-Calais, en France, Stéphane TARPADE MIANMARDE alias Stev’N-T est l’un des rares artistes musiciens tchadiens qui ont su mixer arts et études. Stev’N-T est un amoureux précoce de la musique, car son père jouait avec l’emblématique groupe Chari-Jazz et le très célèbre feu Talino Manu. L’influence paternelle a eu son effet à travers les concerts où il regardait son père joué de la guitare. « Cœur Cornu », le deuxième album de Stev’N-T est entrain de faire de lui, un des artistes les plus connus du pays de Toumaï.

Stev'N-T. Crédit photo: Profil facebook de l'artiste
Stev’N-T. Crédit photo: Profil facebook de l’artiste

Stev’N-T décrit sa musique comme étant le reflet de la société. « Ma musique est une sorte de miroir dans lequel tout le monde peut se regarder et voir ce qu’il est » explique l’artiste qui se veut humble, car incapable de porter un jugement sur quiconque ni de servir d’exemple. Un regard timide, un corps svelte, un comportement altruiste… tant de simplicités entourent ce jeune homme qui enfouit pourtant en lui d’immenses projets et qui quand l’occasion lui ai permis s’exprime avec éloquence et liberté. Dès son jeune âge, il s’engage aux cotés de l’AJAC (Association Jeunesse Anti-Clivage) en 1998. Une association de la société civile tchadienne qui milite pour éradiquer les stigmates de la sanglante guerre civile de 1979 au Tchad, la cohabitation Nord-Sud, et la pacification du pays tout entier. Il se fait remarquer au sein de l’association et est désigné comme enfant-parlementaire au courant de la même année. Son talent d’artiste s ‘éclore également dans le théâtre à travers le rôle d’un juge qu’il incarne dans une pièce montée par l’association. Influencé par les films Gangsta, il se laisse entraîner un moment par ce qu’on nommera l’âge de puberté. Ce qui lui vaudra une exclusion de la prestigieuse Lycée des Sacré-cœur de N’Djamena. Il se rattrape très rapidement, et sens que la musique a sa vocation. Le défunt Rom’s-B du groupe Eklypss, Kessely, Compagnon, HEMAHESS… autant de monde qui l’aident à griffonner ses premiers textes. En l’an 2002, il fait sa première audition au Ballet National du Tchad, avec Ludovic est de ses amis. Succès total. « On a eu beaucoup de belles filles, parce qu’on avait le plus beau texte » s’en réjouit, tout nostalgique l’artiste. Intifada est le premier groupe hip-hop qu’il a formé en 2003 avec Rony qui vit en ce moment au Ghana. « Nous étions fougueux et on a voulu jeter non pas des pierres, mais des mots contre le Système », explique Stev’NT sur le choix du nom du groupe qui s’inspirait de l’Intifada palestinien. Le groupe avait très vite changer de nom, car ils le trouvaient très violent. Les idées, les textes, les membres du groupe sont restés intact. Djaraa-B (on le fera encore, en langue gambaye) est le nouveau nom du groupe qui remporte le 2eme prix groupe espoir Art Sao Lauréat. Le groupe se disloque quand ses membres sont contraint pour des raisons d’études. Stev’N-T se relance une année après dans une carrière solo. Véritable début musicale pour lui. Il se fait produire par D&G Studio, et sort deux premiers singles en 2006, avec CidSon Alguewi et Frankelly à l’arrangement. Il s’envole pour les études au Cameroun en 2008, et en profite pour collaborer avec Master Pi et d’autres artistes camerounais.

En 2011, un douloureux événement l’attriste. Étant à Accra, au Ghana, Stev’N-T apprend le décès de son père. Il rentre au pays pour les funérailles de son père et y met quelques temps pour se recueillir. L’idée de sortir un album solo l’effleure. Il repart chez D&G Studio et sort Au nom du père, un album qu’il dédit à tous les orphelins du monde pour rendre hommage à son père. Un album plein d’émotions et de dénonciations des sévices que vivent les veuves et les orphelins, le public se reconnaît dans les textes et s’approprie de l’album. L’artiste se fait un nom et peut désormais s’affirmer dans l’arène des faiseurs du hip-hop tchadiens. Pourtant ce n’est qu’une partie remise pour Stev’N-T qui nous revient avec plus de maturité avec « Cœur cornu » un deuxième opus de 13 titres qui a vu la collaboration de nombreux artistes venant du Bénin, du Cameroun, du Nigeria et du Tchad. Désormais Tonton Leblanc comme le surnomme ses fans peut s’estimer heureux d’être parvenu à bout d’un rêve d’enfant qu’il a réalisé, celui d’utiliser le micro pour apporter sa contribution à la prise de conscience de la jeunesse face aux maux qui la mine.


« Moi Djihadiste » : lettre à un Djihadiste

Paix sur toi frère djihadiste d’ici et d’ailleurs. Je t’écris ce vendredi pour te faire part de mon indignation. Je ne sais pas si je pourrais avoir le courage de tenir ce discours, face à toi, des bombes entre tes mains. Néanmoins, ici sur mon blog, je peux garder la tête froide et te dire directement ce que je pense de tes actes. J’utiliserais la même méthode que François Hollande, ton compagnon de l’Adrar des Ifoghas, au Mali. Non, je n’emploierais pas son option militaire. Mais je ferais comme lui au cours du débat télévisé de l’entre-deux-tours face à Nicolas Sarkozy, le 2 mai 2012, lors de la présidentielle de la même année. J’utiliserais un syntagme répété dans une anaphore. Te souviens-tu du « Moi Président… » de François Hollande ?

Resistance-by-Jihad
Crédit image: https://letemps.ch

Moi djihadiste, je lutterais pour un monde plus juste. J’aurais pour religion l’Islam et pour modèle le prophète Muhammad (paix et bénédiction d’Allah sur lui).

Moi djihadiste, je ne tuerais pas des innocents, ni des personnes sans défense. Je ne mènerais pas de vengeances aveugles et je m’efforcerais à maîtriser ma colère. Le prophète Muhammad (paix et bénédiction d’Allah sur lui) disait : « Ne te mets pas en colère. » [Hadith sahih – Ahmad]

Moi djihadiste, je ne ferais pas du commerce contredisant les règles de l’islam et je me souviendrais de l’Ayat qui dit : « Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction». N’est-ce pas vrai Mr. Marlboro ?

Moi djihadiste, je ne déroberais pas 200 filles à leurs parents.

Moi djihadiste, je ne me suiciderais pas, car L’islam interdit le suicide, il n’est pas permis au croyant musulman de porter atteinte à son corps.

Moi djihadiste, je respecterais les cinq piliers de l’islam qui sont la profession de foi, les 5 prières quotidiennes, le jeûne du mois du Ramadan, le Hadj et la Zakat.

Moi djihadiste, je n’imposerais pas ma foi aux autres, je les inviterais amicalement à embrasser l’islam. Nulle contrainte en religion (Baqarah, 256).

Moi djihadiste, je blâmerais le mal et je recommanderais le bien.

Moi djihadiste, je ne sèmerais pas la désolation dans mon entourage.

Moi djihadiste, je ferais en sorte que ma présence sur terre puisse être mise au service de la bienfaisance.

Moi djihadiste, je ne violerais pas les femmes, je m’éloignerais de la fornication.

Moi djihadiste, je combattrais pour la justice et l’équité, dans sa juste valeur. Je n‘accepterais pas de me faire qualifier de kamikaze, ni de terroriste.

Moi djihadiste, j’entretiendrais les rapports de bon voisinage enseignés par le prophète Muhammad. J’aimerais mon prochain comme moi-même, car si un homme n’est pas mon frère dans la religion, il l’est dans l’humanité.

Moi djihadiste, je resterais tout d’abord un homme.


Dix raisons de détester Ndjamena

Ndjamena, la ville qu’on aime de loin. Telle est la description que certains de mes compatriotes donnent à la ville capitale tchadienne. Une ville qui est prête à offrir aussi bien sa chaleur climatique que sa chaleur humaine au premier étranger qui la foule des pieds. Par ici, la cordialité entre autochtones n’est pas de mise, contrairement aux étrangers qui jouissent de toutes les marques de sympathie. Néanmoins, voici une liste de 10 raisons qui vous fera, cher lecteur, détester la «ville repos».

1 – le crachat

Image d'illustration. Crédit: www.chroniques-ovales.com
Image d’illustration. Crédit: www.chroniques-ovales.com

Je ne sais pas pourquoi les Tchadiens aiment tant cracher n’importe comment et n’importe où? La scène classique est celle d’un motocycliste qui en pleine vitesse et à contrevent vous arrosera de sa salive après avoir correctement raclé sa gorge (écoutez le son ci-dessous). Dans certains bureaux, l’administration est obligée de mettre en garde contre de telles pratiques en affichant des notes de service. « Des fois, je souhaite bien en découdre sur-le-champ avec les personnes qui crachent partout. Dommage que je suis célèbre à Ndjamena« , se plaint une star tchadienne de la musique. Comment allons-nous faire, si jamais une épidémie telle que la fièvre Ebola nous attaquait ? Dieu nous en préserve. »

2 – la chaleur
Le mois de mars est connu comme étant le point pic de la chaleur. La température oscille entre les 40 et 52 °C. C’est le mois où les nerfs sont vraiment tendus. Les tenues en coton sont donc de mise en cette période de l’année.

3 – la poussière
Le Tchad est l’un des plus importants pays exportateurs de poussière. Et ce, grâce à la dépression de Bodélé qui envoie de la poussière jusqu’en Amazonie. Chaque année, le Tchad exporte une tonne de poussière ! Il se trouve que Ndjamena est sur son passage. Je vous recommande des lunettes qui couvrent correctement les yeux.

4 – la cherté de la vie
Le Tchad exporte de la viande vers la plupart des pays de la sous-région, mais pourtant le méchoui (barbecue) coûte plus cher à N’Djamena qu’à Bangui par exemple. Du transport urbain au logement en passant par les produits de première nécessité, tous ont connu une flambée des prix, avec l’avènement du pétrole. Notre capitale est la troisième ville la plus chère au monde pour les expatriés, selon le classement du cabinet Mercer.

5 – L’insécurité
A l’heure où je rédige ce billet, les actes de banditisme connaissent une certaine chute. Malgré les patrouilles mixtes des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et les commissariats de police décentralisés, quelques rezzous de malfaiteurs continuent de commettre des forfaits en opérant des hold-up, des braquages, et en agressant les paisibles citoyens. Les quartiers reculés ne sont pas fréquentables aux heures tardives.

6 – la circulation routière
Conduire au Tchad relève d’un véritable parcours du combattant. Rares sont les conducteurs de voiture ou d’engin à deux-roues qui maîtrisent le Code de la route. A l’absence des policiers qui régulent la circulation au niveau des ronds-points, le premier à s’engager est prioritaire. Alors les conducteurs s’élancent dans une véritable course-poursuite où le nombre d’accidents de la route ne cesse de gonfler les statistiques.

7 – le fossé social
« Nous avons des compatriotes qui vivent avec nous dans ce pays, mais ils ont la même fraîcheur du corps que ceux qui vivent en Occident » aiment se plaindre les Tchadiens les moins nantis de ceux qui ont plus « d’avantages ». Au Tchad, l’écart entre riches et pauvres est très grand. L’aigreur des pauvres grandit de jour en jour, au rythme de la dégradation de leur situation. Tenez, la pénurie d’essence de ces derniers jours, c’est toujours les plus démunis qui en pâtissent.

8 – les ordures

Des ordures devèrsées dans une digue à Moursal. Crédit image: @legeekdusud
Des ordures deversées dans une digue à Moursal. Crédit image: @legeekdusud

Bouchez votre nez, s’il vous plaît ! Vous êtes au bord du bouta (marigot) de Ridina. Çà et là, les ordures sont entassées bouchant les conduits d’eau usée qui avec le  temps dégagent des mauvaises odeurs. La population produit et déverse ses ordures à tout vent. On s’en fout la mairie fera son travail, celui qui consiste à racketter les pauvres vendeuses de poissons du marché de Dembé, qui n’ont pas d’ailleurs pas d’espace aménagé mis à leur disposition. L’insalubrité est donc une œuvre issue de la complicité entre la population, la mairie et l’appareil pensant de l’État. Il faudrait donc établir des règles claires pour chaque partie.

9 – la saison des pluies

Crédit photo: @legeekdusud
Crédit photo: @legeekdusud

Des bottes en caoutchouc, il vous en faudra si vous envisagez de venir à Ndjamena pendant la saison des pluies. Les marchés, les quartiers reculés, et même certaines portions du centre-ville baignent dans l’eau. Après la pluie, c’est la boue, en parlant des quartiers tels que Habena, Boutal-Bagara, Atrone Il faut pétrir la boue pour sortir de ces quartiers. La plupart des travailleurs de la fonction publique habitent dans ces zones et sont obligés de se mettre dans des tenues de sport pour aller au travail, ils se changent une fois sur place et le lendemain le même exercice se répète en attendant la saison sèche où les attendent la poussière et le soleil.

10 – Internet !
Le nerf de la guerre. À Ndjamena, il y a moins d’un cybercafé par arrondissement, et l’arrivée de la fibre optique pompeusement annoncée n’est toujours pas effective. Allez squatter les bureaux de vos amis, des membres de votre famille, vos connaissances… Si vous avez besoin d’un shoot de net. Internet est encore un mythe pour plus de 98 % des Tchadiens.

PS : Avant de finir, rassurez-vous, quoique ma ville natale a beaucoup de défauts, elle a autant de qualités allant de la légendaire Djitan Djitou (hospitalité) à la grande diversité culturelle que vous offre cette ville carrefour.